Humanisme & Mindfulness - 11, 12, 13 septembre 2015

Neurosciences contemplatives ou point de vue contemplatif sur les neurosciences ?

12 Sep 2015
16:30
Atelier

L’évaluation purement neuroscientifique des « fruits » de la pratique méditative, et l’affaiblissement de ses liens avec le profond message éthique et existentiel du Bouddhisme, risquent de conduire à un utilitarisme thérapeutique ou hédoniste. On peut même craindre que cette façon de présenter la méditation, après avoir servi de « moyen habile » pour la rendre compatible avec notre culture contemporaine occidentale, ne devienne le cheval de Troie « spirituel » des cauchemars post-humanistes. Ce que je voudrais alors montrer est que cette évolution n’est pas inévitable. En effet, l’approche neuroscientifique ne reste hégémonique qu’au nom d’une idéologie naturaliste ou « physicaliste » désormais courante, qui confond les catégories de réalité et d’objectivité. Dans un tel cadre idéologique, les processus naturels objectifs, comme les processus neurobiologiques, sont déclarés plus « réels » que ce qui se vit en première personne. Or, la suspension des pulsions extraverties de saisie d’objets, vers laquelle orientent les pratiques méditatives aussi bien que l’épochè de la phénoménologie, conduit à mettre radicalement en cause cette hiérarchie naturaliste. Ce qui est éprouvé et vécu se révèle ici comme la source des jugements objectivants et des dualités sujet-objet, y compris celle du sujet-chercheur et de son objet-cerveau. Ainsi voit-on que la pratique de la méditation, loin de se réduire à un objet d’étude pour les neurosciences, est capable d’offrir un point de vue privilégié pour en évaluer la portée philosophique.